La rumination mentale se reconnait au chao de pensées qu’elle génère, et de l’agitation mentale qu’elle engendre. Selon la psychologue, ce phénomène n’est pas que de la tristesse ou de l’anxiété : «Contrairement aux anxieux, les overthinkers ne sont pas dans le “Et si ?”, ils sont absolument convaincus que le pire est déjà arrivé ».
Lorsqu’une personne ruine constamment, elle est incapable de distinguer le vrai de l’imaginé. C’est tout le contraire d’une simple pensée. Un psychanalyste, Norbert Chatillon explique que « penser, c’est être capable de différencier, de nommer et d’associer. »
La rumination atteint des points si extrêmes des fois qu’elle empêche l’individu de distinguer les vrais problèmes des faux problèmes, une maladie grave d’une réflexion déplacée. Le psychanalyste ajoute que « c’est une pensée qui sort de son sillon, un débordement qui nous traverse et que l’on ne peut mettre en forme, alors que l’intelligence, elle, parvient à sérier. »
Pourquoi alors la rumination nous empêche-t-elle de réellement penser ? C’est parce que nous sommes aux prises avec nos émotions. Une psychothérapeute spécialiste du cerveau reptilien, le Dr Catherine Aimelet-Périssol explique que la rumination « nous indique que nous sommes passés d’un état d’ouverture à un état de défense. » Et de continuer en affirmant que : « Nous vivons alors une période de surchauffe cérébrale et d’agitation sensorielle : cinq cents idées à la seconde se bousculent dans notre tête, toutes visant à nous mobiliser pour trouver des solutions. »
Cependant, le Dr Aimelet-Périssol explique aussi que le mécanisme de peur chez certains d’entre nous ne fonctionne pas comme il le faudrait : « Au lieu d’être à l’écoute de notre peur pour identifier les besoins qu’elle exprime et agir – car une peur est toujours légitime –, on la subit et s’y enferme », La spécialiste explique cela par une sorte de « retour de bâton » de la libération qu’il y a eu pendant les années 1970 :
« Nous avons fait la révolution pour pouvoir libérer nos émotions, mais en cassant le cadre, nous avons tout emporté avec : nos points de repère et nos valeurs. Que faire désormais de toutes ces émotions qui s’expriment ? C’est la grande question de notre époque. »