Les comportements complexes de l'être humain sont le fait de la coopération entre de nombreuses aires du cerveau, et on peut au mieux constater qu'une région est prioritaire. Le fonctionnement du cerveau s'appuie non pas sur des zones délimitées, mais sur des réseaux qui impliquent de manière préférentielle certaines structures. Dans le cerveau, le lobe frontal exerce une fonction à part : il est le « chef d’orchestre » qui coordonne harmonieusement toutes les fonctions. On le voit donc intervenir dans presque toutes les conduites.
Le neurologue allemand Gerhard Roth dit avoir découvert une sorte de côté sombre dont la présence serait détectable dans les cerveaux des individus prompts à la violence, le vol et le viol. Le docteur Roth lui même ignore probablement ce qu'est le "dark patch" dont il parle, il a simplement constaté qu'une zone à l'avant du cerveau était plus sombre dans les cerveaux des criminels, au scanner, ce qui a laissé emballer son imaginaire. Mais dans la réalité, une zone sombre au scanner, c'est une région qui contient moins de matière. Cette diminution de matière concerne une zone d’intégration située à la base du lobe frontal, riche en données multiples, affectives et sensorielles, et intervenant dans la programmation des conduites complexes.
Des analyses au scanner de personnes dépressives montrent que certaines structures cérébrales impliquées dans la mémoire pourraient diminuer de volume au fil des rechutes. Le cerveau est comme un muscle. L’utilisation de certains circuits les développe, leur non-usage les atrophie : c’est ce qu’on appelle la neuroplasticité.
En admettant que certaines structures cérébrales impliquées dans l'affectivité soient atrophiées chez les criminels, cela n'indiquerait pas grand-chose, ni ne dégagerait les criminels de leur responsabilité. Ce n’est pas nécessairement parce que l’on a le cerveau d’un criminel qu’on commet un crime, mais parce qu’on utilise son cerveau comme un criminel (en négligeant ou ignorant peut-être certaines informations émotionnelles) que l’on risque de commettre un crime.
Aucun criminel n'est identique à un autre. Selon Gerhard Roth, on peut les classer en trois groupes : les « sains » qui sont le produit d’un environnement incitant à se battre et à voler ; les "troublés" qui perçoivent le monde comme hostile ; et les purs psychopathes. Une telle diversité n’est pas en faveur d’une relation causale entre comportement et structure cérébrale.
Mais même si l’exécution de la conduite passe par le cerveau. Il n’y a probablement pas plus de cerveau de criminel que de bras du crime.