La sonde Venus Express a découvert une couche atmosphérique très froide sur Vénus, la deuxième planète du Système solaire, jusque-là réputée pour ses températures infernales.Tous les planétologues le disent : Vénus, c'est l'enfer. L'atmosphère de la deuxième planète du Système solaire, composée principalement de dioxyde de carbone, est à l'origine d'un puissant effet de serre qui maintient la température au sol à plus de 450 °C.Une fournaise qui est venue rapidement à bout de toutes les sondes qui s'y sont posées, fournaise à laquelle s'ajoute également une terrible pression (cent fois plus élevée que la pression atmosphérique terrestre au même niveau) dont l'origine s'explique par le
dégazage intense des roches surchauffées. C'est pourquoi la planète Vénus, qui porte bien mal le nom de la déesse de l'amour et de la beauté dans la mythologie romaine, fait l'objet d'études à une distance respectable.
Lancée en novembre 2005 par l'Agence spatiale européenne (Esa), la sonde Venus Express est depuis le mois d'avril 2006 en orbite autour deVénus pour y étudier la surface et l'atmosphère dans l'infrarouge. En compilant des mesures effectuées ces 5 dernières années, les scientifiques de l'Esa viennent de découvrir une couche atmosphérique très froide à 125 km d'altitude.
Profil des températures de l'atmosphère de Vénus obtenu à partir des mesures effectuées par la sonde européenne Venus Express. On observe une couche d'air très froid vers 125 km d'altitude. © Esa, Aoes
De la neige au-dessus de la fournaise de Vénus
Venus Express a utilisé sa caméra VMC (Venus Monitoring Camera) pour sonder l'atmosphère de Vénus à différentes altitudes. L'observation de cette atmosphère à contrejour le long du terminateur (la ligne de démarcation entre la partie du globe éclairée par le Soleil et celle plongée dans le noir) rend possible la mesure de la concentration en dioxyde de carbone. En combinant ces données (dont un certain nombre acquises au cours dutransit de la planète le 6 juin 2012) avec la mesure de la pression atmosphérique, on peut calculer la température qui règne à différentes altitudes.
Le résultat des 59 mesures réalisées le long du terminateur de Vénus pendant 5 ans laisse perplexe. Vers 125 km d'altitude, une couche d'air très froid est prise en sandwich entre deux couches relativement chaudes (qui se situent vers 100 et 140 km d'altitude). Dans cette couche froide où il règne une température de -175 °C, il est peut-être même possible d'observer de laneige carbonique, selon Arnaud Mahieux de l'Institut d'aéronomie spatiale de Belgique (IASB), le principal auteur de l'article présentant les résultats de cette étude dans le Journal of Geophysical Research (JGR). Une découverte intrigante puisqu'une telle température est inconnue dans les atmosphères de la Terre ou de Mars où les compositions chimiques et les conditions climatiques diffèrent.
Les scientifiques de l'Esa vont devoir se pencher sur cette énigme, en commençant par exemple à rechercher d'éventuelles régions particulièrement brillantes dans l'atmosphère vénusienne qui confirmeraient ainsi la présence de neige carbonique réfléchissant la lumière solaire.