Mercredi, les virologues Ron Fouchier et Yoshihiro Kawaoka estiment qu'un risque de pandémie est imminent si le virus est transmissible entre humains. Le virus H7N9 qui a pour la première fois été diagnostiqué chez un homme en février, a infecté au moins 133 personnes et en a tué 43. Il est donc considéré comme dangereux, et c'est en anticipant le scénario catastrophe de pandémie destructrice que les deux spécialistes ont démarré un projet mené dans plusieurs laboratoires à travers le monde.
Ils envisagent des mutations génétiques pour "améliorer" la transmissibilité du virus."Ce virus H7N9 a certainement plusieurs caractéristiques d'un virus pandémique, et il lui manque aussi certainement au moins une ou deux des caractéristiques observées dans les virus pandémiques du siècle dernier", explique Ron Fouchier cité par Reuters.
L'étape la plus logique est de provoquer ces mutations avant Mère Nature pour pouvoir les étudier et les contrer en temps voulu. Les scientifiques prévoient de créer des virus mutés plus plus dangereux et plus susceptibles de provoquer une pandémie pour mieux évaluer la dangerosité du virus.
Toutefois, les autorités de régulation de biosécurité s'inquiètent de ces recherches qui pourraient être utilisées à des fins militaires ou par des bioterroristes. Ron Fouchier défend néanmoins son idée en jugeant que "la nature est la plus grande menace contre nous, pas ce que nous faisons dans le laboratoire". Il souligne qu’ "il y a des couches et des couches et des couches de sécurité biotechnologique, de façon à ce qu'en cas de rupture de l'une d'entre elles, les autres empêcheront toute échappée de ce virus".
Des chercheurs chinois ont fait état de la première transmission probable du virus de la grippe aviaire H7N9 d'homme à homme. Le virus s'est transmis pour la première fois d'un père à sa fille dans l'est de la Chine en mars dernier. Le père âgé de 60 ans fréquentait régulièrement un marché aux volailles où il a certainement dû contracter le virus avant d'être hospitalisé le 11 mars. Six jours après son dernier contact avec son père, la fille de 32 ans -qui n'a jamais été exposée à des volailles vivantes- était à son tour tombée malade. Hospitalisée le 28 mars, elle est décédée le 24 avril d'une défaillance multiviscérale tandis que le père est décédé de la même complication le 4 mai. Les deux souches de virus prélevées sur le père et la fille étaient identiques, ce qui laisse supposer une transmission.
Les chercheurs chinois reconnaissent que l'infection est limitée et non durable, vu qu'il n'y a pas eu d'épidémie dans les deux cas. La transmission interhumaine n'est pas une surprise mais elle ne signifie pas nécessairement que le virus va se transmettre d'une manière durable entre humains.