Des archéologues américano-mexicains ont découvert dans un cimetière précolombien dans le Sonora des crânes montrant une forme étrangement allongée. Des crânes dignes du film Alien de Ridley Scott. Ceci fournit la première preuve de l’extension de certaines pratiques rituelles au nord du Mexique. C’est près de la petite agglomération d’Onavas, dans le sud du Sonora au nord du Mexique, que des archéologues de l'Arizona State University et de l'Institut national mexicain d'anthropologie et d'histoire (INAH) ont fait leur découverte : un cimetière comptant 25 tombes et datant, selon l'analyse d'échantillons, de l'an 943 après J.-C.
Mais là n'est pas le inattendu. Parmi les défunts, ornés de bracelets, anneaux nasaux ou boucles d’oreilles, les chercheurs ont trouvé 5 crânes portant des mutilations dentaires et 13 montrant une forme inhabituelle.
Ces défunts ont en fait subi une déformation intentionnelle de leur crâne qui lui ont donné une forme particulièrement allongée, conduisant à un aspect tout sauf humain. Il s'agit d'une pratique rituelle déjà identifiée dans certaines cultures mais c'est la première fois qu'elle est caractérisée dans cette région. "La déformation crânienne était utilisée dans les cultures méso-américaines pour différencier un groupe social des autres individus et à des fins rituelles. Cette découverte unique montre un mélange de traditions issues de différents groupes du nord du Mexique", a expliqué l'archéologue Cristina Garcia Moreno, directrice du projet de recherche.
L'influence des peuples pratiquant ce rituel semble donc être allée bien plus loin que ce que pensaient jusqu'ici les scientifiques. "L'utilisation d'ornements fabriqués à partir de coquillages du golfe de Californie n'avait jamais été constatée avant dans le territoire du Sonora, et cette découverte étend la limite de l'influence des peuples méso-américains plus au nord que ce qui avait été précédemment documenté", a ajouté l'archéologue.
Un rite de passage à l'adolescence ?
"La mutilation dentaire était considérée, dans les cultures telles que le Nayarit, comme un rite de passage à l'adolescence. Ceci est confirmé par les données de ce cimetière du Sonora, où les 5 morts ayant des mutilations dentaires sont tous âgés de plus de 12 ans", a précisé la chercheuse. Mais "nous n'avons pas pu déterminer pourquoi certains portaient des ornements et d'autres non, ou pourquoi, sur les 25 squelettes, un seul était féminin", a t-elle indiqué.
Par ailleurs, cette ‘hécatombe’ d’adolescents suggère d'après les spécialistes, que ces mutilations rituelles étaient liées à un risque élevé de graves complications sanitaires.