L’hépatite E, maladie des pays pauvres, tue chaque année 70.000 personnes, faute de traitement. Face aux épidémies qui se font de plus en plus fréquentes, les médecins ont enfin une solution : Hecolin, un vaccin chinois, le premier du genre à être commercialisé.
Négligée en Occident, l’hépatite E n’est pas une maladie anodine. Elle s’attrape consécutivement à l’ingestion d’eau contaminée par un virusprésent dans des déjections humaines, faute de conditions sanitaires suffisantes. Si dans la majorité des cas elle est bénigne, elle peut évoluer en insuffisance hépatique aiguë parfois mortelle, surtout chez la femme enceinte.
Jusqu’à aujourd’hui, il n’existait aucun traitement de cette hépatite, car le modèle économique fait fuir les principaux laboratoires. Le seul moyen de prévenir d’une épidémie consistait à améliorer les conditions d’hygiène et de salubrité, chose pas toujours évidente dans certaines contrées affectées par la misère.
Entre 1986 et 1988, une pandémie dans la province chinoise du Xinjiang touchait 120.000 personnes et causait 700 morts. L’État avait commencé à se mobiliser, même si l’aventure prit un réel tournant en 2000. Dans leur laboratoire de la Xiamen University, les chercheurs tentaient de développer un vaccin. Ils ont alors reçu la main tendue d’une entreprise privée, Yangshengtang, dépensant 1,8 million de dollars (1,4 million d’euros). Le produit né de leur collaboration porte le nom d’Hecolin.
Hecolin, premier vaccin contre l’hépatite E
Après les tests habituels, l’espoir est devenu réel en 2010, lorsque les résultats de l’essai clinique mené auprès de dizaines de milliers de personnes ont révélé dans The Lancet sa haute efficacité. Une étude suffisante selon l’autorité chinoise du médicament, la State Food and Drug Administration (SFDA) qui en décembre dernier donnait son aval pour la commercialisation du vaccin.
Le virus de l'hépatite E, ici vu au microscope électronique, est connu depuis plus d'un demi-siècle maintenant, et le premier traitement luttant contre l'infection vient d'être mis sur le marché. Le vaccin Hecolin réduira-t-il drastiquement le nombre de victimes de la maladie ? © CDC, DP
C’est donc le premier du genre à être développé et les espoirs sont importants. En Afrique, ces dernières années, les épidémies sont de plus en plus fréquentes. L’Ouganda annonçait 160 morts en 2007 sur 10.000 personnes infectées. Depuis juillet dernier, c’est le sud du Soudan qui compte ses victimes. Pour l’instant, on dénombre 16 morts sur les 400 malades détectés dans les camps de réfugiés. Plus récemment, le Kenya qui faisait état de 200 cas de jaunisse causés par le virus de l’hépatite E.
L’Hecolin pourrait être distribué en Afrique
Il faudra maintenant que l’Hecolin s’exporte depuis la Chine jusqu’en Afrique. Mais le modèle économique mis en place n’est pas très rentable. Le projet ayant coûté 80 millions de dollars (62 millions d’euros) sur l’ensemble, principalement financés par le gouvernement chinois, il ne devrait rapporter que 10 millions de dollars en 2013.
En théorie, l’espoir est de mise, l’État chinois ayant promis de ne pas se désengager. La Xiamen University a entamé le dialogue avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS) de manière à ce que les vaccins soient distribués dans les agences locales des Nations unies pour l’enfance.
D’ici quelques années, Hecolin pourrait être concurrencé par un autre vaccin, provenant là encore de fonds publics et privés. Le laboratoire britannique GlaxoSmithKline collabore en effet avec l’armée américaine sur un produit prometteur qui entre en phase II de l’essai clinique.
source :