Fukushima-Daiichi restera dans l’histoire comme la premièrecentrale nucléaire victime d’un important tsunami. Selon une nouvelle étude, 23 autres installations dans le monde pourraient un jour connaître le même sort ! Que cache ce chiffre ?Les centrales nucléaires ayant besoin d’eau pour être refroidies, elles sont toutes construites à proximité de rivières, de fleuves ou sur le littoral. De violentes tempêtes pouvant se produire en mer ou dans les océans,certaines installations ont été pourvues de murs de protection anti-inondations.
Depuis mars 2011 et la catastrophe de Fukushima-Daiichi, on sait maintenant que cela ne suffit pas toujours. Tout avait été prévu, sauf peut-être la survenue du plus grand tsunami qu’ait connu le Japon.
Ces vagues destructrices, bien souvent causées par des subductionsocéaniques, sont particulièrement difficiles à prévoir, mais l’on peut en revanche définir des zones à risques abritant des installations nucléaires. Une première cartographie mondiale de ces régions vient d’être réalisée parJoaquin Rodriguez-Vidal de l’University of Huelta (Espagne). Près de 23 centrales, soit un total de 74 réacteurs, seraient situées en zones dangereuses. Le drame de Fukushima pourrait très bien s’y reproduire. Cette information a été publiée dans la revue Natural Hazards.
Les lignes rouges indiquent les zones côtières susceptibles d'être un jour submergées par un grand tsunami. Toutes les centrales nucléaires situées sur ces côtes sont potentiellement en danger. © Joaquin Rodriguez-Vidal et al. 2012,Natural Hazards
Les risques de tsunami affectent des centrales du monde entier
Les précédents résultats peuvent être nuancés. Treize de ces centrales nucléaires (29 réacteurs) fonctionnent et fournissent de l'électricité à la population. Quatre autres sites sont en cours d’extension afin d’acquérir 9 nouveaux réacteurs, en plus des 20 structures déjà existantes. Enfin, 7 installations (16 réacteurs) sont en train de sortir de terre.
Les zones à risques ont été déterminées en se basant sur des données historiques, archéologiques, géologiques ainsi que sur divers enregistrements. Les sites visés se répartissent sur l’ensemble de la planète, mais certaines régions dangereuses sont plus denses eninstallations nucléaires que d’autres, à l’image de sud ou du sud-est asiatique.
Près de 27 réacteurs sont actuellement en construction en Chine, sur les 64 en travaux que compte la planète (selon les chiffres de l’International Atomic Energy Agency), dont 19 se situent dans des zones dangereuses. Au Japon, 7 centrales (19 réacteurs), dont une est en train de voir le jour, pourraient subir le même sort que leur consœur mise à mal par le tsunami de 2011. La Corée du Sud, l’Inde et le Pakistan sont également concernés avec 5 installations mal situées. L’Europe ne fait pas exception à la règle. LaMéditerranée de l'Est pourrait être touchée par des vagues géantes, tout comme la majeure partie de la côte ouest américaine.
Les auteurs soulignent que l’on doit tirer des enseignements du passé. Il faudrait donc mettre en place des programmes de prévention, lancer de nouvelles études scientifiques s’intéressant à chaque centrale ciblée et adapter les installations, surtout lorsqu’elles sont en cours de construction. Ces solutions seraient les meilleures à ce jour pour éviter tout problème à l’avenir. Les auteurs regrettent ainsi que la majorité des décisions prises par les pays bordant l’océan Indien depuis 2004, année du séisme qui tua plus de 220.000 personnes, soient restées purement politiques. Rappelons que les catastrophes nucléaires n’impactent pas seulement les pays concernés, les nuages radioactifs ne s’arrêtent pas aux frontières !