Ne pouvant lui donner une convenable, Stéphanie Stujio avait décidé à l'époque de donner son bébé à un couple qui pouvait s'en occuper et lui offrir cette vie qu'elle ne pouvait lui offrir. Aujourd'hui, 10 ans plus tard, la maman a décidé d'écrire une lettre à son bébé, devenu gaillard ! Je vous laisse découvrir cette lettre tellement émouvante, grâce à laquelle on réalise qu'une maman reste une maman, et qu'il lui avait fallu tant de courage et tant d'amour pour se séparer de son bébé à sa naissance..
« Bonne fête mon p’tit homme ! 10 ans en septembre prochain ! 10 ans ! Wowww !!! Me semble que c’était hier pour moi… Je te souhaite de passer une magnifique journée avec ta famille et tes amis. Auras-tu une fête d’amis ? Des ballons, des jeux, un gâteau ? Au chocolat ? À la vanille… ? Peu importe, tant que ça te fasse sourire ! C’est ça l’important ! Comment ça va à l’école ? Tu réussis bien ? C’est quoi ta matière préférée ? Moi, c’était les maths… Que veux-tu faire plus tard ? Pompier ? Policier ? Avocat ? Artiste… ? Moi, j’voulais être professeur, j’enseignais à mes toutous pendant des heures ! Demandes à ma mère ! Tu sais, c’est important pour moi que tu saches que je ne t’ai pas abandonné, je ne t’ai pas rejeté non plus. Je t’ai aimé et je t’aimerai toujours. J’étais jeune, naïve et je croyais qu’avoir un enfant était qu’un idéal et non une responsabilité. J’avais 18 ans, j’étais en appart, aux études, avec un emploi à temps partiel dans une boutique de vêtements… Ma mère m’a dit un jour « Si tu ne peux pas subvenir à tes besoins seule, comment penses-tu pouvoir subvenir aux besoins d’un enfant? » Elle avait raison. Tu apprendras, les mamans ont souvent raison, mais on s’en aperçoit bien plus tard. Mon plus grand souhait était de t’offrir le meilleur pour toi, que tu ne manques de rien et que tu puisses jouir d’une vie saine à la hauteur de celle que ma mère m’a offert. Rien de moins. Je n’étais pas en mesure de t’offrir ça. J’aurais tout fait en mon possible, c’est certain, mais je n’avais rien de stable en garanti. Je ne voulais pas prendre la chance de te nourrir plus souvent au Kraft Dinner et au Pepsi qu’aux légumes bios et au lait d’amande. Ton bien, ton bonheur et ta santé sont bien plus important que mon petit nombril. Je voulais que tu partes avec le maximum de chances de ton côté dans la vie. Parce que tu verras mon p’tit homme, que la vie peut être dure des fois, on se demande ce qu’on a fait pour mériter ces épreuves. Mais se sont ces épreuves qui nous font grandir, qui nous rendent plus fort. Fais confiance en toi et en la vie, tu verras que tout fini par s’arranger. La vie n’est pas là pour nous mettre des bâtons dans les roues, elle nous laisse pas tomber tant qu’on s’écoute et qu’on prenne soin de soi. Tu sais, nos enfants ne nous appartiennent pas, ils nous sont prêtés. Nous sommes là pour les éduquer du mieux qu’on peut, pour les aider et leur montrer le chemin de la vie. Ensuite, c’est à eux de mener la vie qu’ils souhaitent, pas à nous de le décider pour eux. Je ne pouvais pas te garder avec moi. Malgré tout l’amour que j’ai pour toi, malgré mon innocence d’adulte tout neuf, je savais que le mieux pour toi était d’aller dans une famille, une vraie. Avec une maman, un papa et même un grand frère avec deux chats. Je savais qu’eux pouvaient t’offrir tout ce dont t’aurais besoin sans sacrifier leur santé ni leur futur. C’était la meilleure décision dans la situation où j’étais. Ton père était rendu un chum à qui j’avais donné son 4%, un petit 4 1/2, pas de carrière, pas d’auto… J’aurais fait quoi ? Durant nos neufs mois ensemble, j’ai tout fait; je t’ai cajolé, j’ai chanté pour toi, je t’ai parlé, je t’aimais déjà inconditionnellement, même avec tes coups de pieds dans mes côtes durant mes examens d’école. À ta naissance, durant les quatre jours qui ont suivi, on passait notre temps à s’regarder, s’observer, s’aimer. Le temps était le nôtre, le futur était à toi. Je t’ai fait un album photos en souvenir de nous, de ma famille qui est la tienne de sang. Ta peau était douce et sentait bon collée contre moi pendant que tu buvais. Quand tes parents sont arrivés à l’hôpital, on a jasé pendant une bonne heure, de n’importe quoi. Tes parents étaient patients. On vivait tous un trop plein d’émotions, même la travailleuse sociale qui s’occupait du dossier. Ton père jouait avec ton grand frère et ta mère nous regardait, nous deux, toi et moi. Après une heure, je lui ai demandé si elle voulait te prendre. C’est avec un noeud dans la gorge et les larmes aux yeux qu’elle m’a fait signe que oui. J’étais sereine. Elle avait l’air d’une maman. D’une maman qui sent bon, qui fait bien à manger et qui panse les bobos. Le plus dur, et je vais m’en souvenir pour le restant de mes jours, a été d’entendre la porte fermée lorsque tu es parti dans les bras de tes nouveaux parents. Je m’étais retournée de dos pour ne pas te regarder partir, j’étais redevenue une enfant dans les bras de ma mère, j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps… c’était si difficile. Mais je n’ai jamais regretté mon choix, je sentais dans le plus profond de mes tripes que ces gens-là, ceux à qui je confiais ta vie, étaient bons, qu’ils allaient t’aimer pour la vie et prendre soin de toi comme s’ils t’avaient attendu pendant toutes ces années. Je t’ai donné la vie, je leur ai donné la chance de s’en occuper. J’espère que tu mènes une belle et bonne vie où tu es. Que tu fais du vélo, que tu cours après les grenouilles, que tu te tirailles avec ton frère, que tu grimpes dans les arbres… Que tu serres fort ta maman et que t’apprends de ton papa. Mon plus grand souhait est de te rencontrer un jour, t’écouter parler de tout et de rien, apprendre à te connaître et te parler des neufs mois qu’on a eu de vie commune; ou du moins, simplement de savoir que tu vas bien. D’ici là, je continue de croire que tu es en parfaite santé, avec le plus grand et le plus beau sourire, que tu respectes tes parents et que tu sois heureux. C’est ce qui m’importe. Je t’aime et je pense souvent à toi, Maman »