Une nouvelle molécule antibiotique baptisée «keyicine» a été découverte par une équipe de chercheurs du collège de médecine de l’université du Wisconsin, à Madison.
Cette nouvelle molécule est le résultat de la culture de protéobactéries du genre Rhodococcus des bactéries vivant en symbiose avec des invertébrés marins- avec des bactéries Micromonospora.
Lorsque les Rhodococcus croissent dans des conditions «traditionnelles»,elles ne produisent pas cette keyicine car les gènes qui sont responsables de sa fabrication sont silencieux. Ces derniers ont pu être activés par les chercheurs.
A l’air où les molécules de synthèse sont plus populaires que les molécules naturelles, Navid Adnani et ses collègues estiment que «les produits naturels restent l’une des plus grandes sources de molécules diverses destinées à traiter les maladies humaines.»
«Une urgence de santé publique»
Afin de mener à bien cette expérience, les scientifiques savaient qu’ils ne pouvaient pas cultiver les bactéries avec des méthodes traditionnelles car cela ne donnerait pas de résultats.
D’ailleurs, les scientifiques estiment que l’on a réussi à cultiver en laboratoire que 1% des bactéries se trouvant sur la terre! Ils sont donc allés chercher des bactéries sous-marines, ensuite faire des cultures mélangées de plusieurs sortes de bactéries. Et ce fut gagné! La culture mixte avait bien marché!
Élodie Psender, pharmacienne au CHU de Limoges, et coopérant au programme européen Combacte, un partenariat public-privé visant à générer de nouveaux essais afin de faciliter l’enregistrement des nouveaux agents antibactériens a reconnu que «cela a l’air d’un joli travail.
Et on ne découvre pas tant que cela de nouveaux antibiotiques.Les recherches sur de nouveaux antibiotiques continuent mais, au vu des antibiorésistances, la recherche s’oriente vers de nouvelles thérapies innovantes, avec par exemple des anticorps. On travaille aussi à développer des tests précoces d’identification d’infections, ce qui permettra de mieux traiter et de faire de la prévention.»
L’OMS estime que «la résistance aux antibiotiques est en train de devenir une urgence de santé publique en des proportions encore inconnues». En effet plus 25.000 morts annuelles en Europe sont causées par la résistance aux antibiotiques.
La structure chimique de cette nouvelle molécule, la keyicine a pu être établie par certains chercheurs pharmaciens du Wisconsin. Elle fait partie d’une famille d’antibiotiques pouvant traiter certains cancers et les anthracyclines.
Cela dit, elle est différente des autres par son mode d’action. Au lieu de tuer les cellules en s’attaquant à leur ADN comme le font les autres anthracyclines, la keyicine opère différemment ce qui peut compliquer la résistance bactérienne.