Une étude, réalisée par des chercheurs de l'Université Laval, de l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec, du CHU de Québec et de l’Institut national de santé publique du Québec et publiée dans la revue « Circulation », révèle qu’une substitution de 3 médicaments contre l’hypertension par leur version générique entraine une hausse immédiate des visites à l’urgence et des hospitalisations chez des personnes souffrant de problèmes cardiaques.
Les auteurs de cette étude estiment que, même si cette dernière n’établisse pas de lien de cause à effet entre le changement de médicament et la fréquence de ces événements, il faut rester prudent.
Ces derniers ont analysé des données concernant tous les Québécois qui prenaient du Losartan, du Valsartan ou du Candésartan depuis au moins deux ans pour traiter des problèmes d’hypertension ou d’insuffisance cardiaque, soit 136 000 personnes. Ils ont ensuite comparé le nombre de visites à l’urgence et d'hospitalisations de ces personnes, avant et après l’arrivée des versions génériques de ces médicaments sur le marché. Les auteurs affirment que ces événements ont augmentés de 11 % en moyenne dans le premier mois chez les personnes qui sont passées à la version générique.
« Cette proportion ayant diminué par la suite, probablement parce que les médecins ont ajusté la dose du médicament ou qu’ils ont prescrit un autre médicament », a déclaré Paul Poirier, auteur de cette étude. Le chercheur explique que « L’augmentation des événements associés aux versions génériques pourrait être due aux composés non actifs présents dans les médicaments ».
Poirier explique que : « La molécule active est identique dans les deux versions d’un même produit, mais les composés non actifs peuvent en modifier l’absorption. Les lois actuelles autorisent des copies pour lesquelles le taux d’absorption est jusqu’à 20 % plus bas ou plus élevé que celui du médicament original. Un resserrement pourrait être souhaitable. Il faudrait que les règles d’homologation des médicaments génériques soient au moins aussi exigeantes que celles appliquées pour les médicaments d’origine. »
« Bien que je ne sois pas contre les médicaments génériques, je suis contre le remplacement systématique des médicaments d’origine par ces derniers. Notre étude soulève des questions qui prouvent que l’on devrait s’attarder d’avantage sur l’utilisation sécuritaire des médicaments. Il faudrait que les responsables de la santé publique mettent sur pied un système de pharmacovigilance où les événements en lien avec des médicaments génériques ou des médicaments d’origine seraient tous rapportés. »